« Lâche prise ! » dit cet homme à son amie qui lui explique que son emploi du temps est surchargé, qu’elle n’arrive plus à tout concilier, qu’elle est épuisée, qu’elle n’en dort plus.
Le mot est lâché ! Le mot passe-partout, utilisé à toutes les sauces. Le mot magique, promesse de soulagement, de libération, de résolution de tous nos problèmes, de transformation de notre mal-être en sérénité. Mais quel sens donnons-nous à cette notion de lâcher prise ? Les avis divergent…
Nous pourrions dire que lâcher prise, c’est :
- une philosophie et un art de vivre en totale opposition avec l’abandon ou la passivité ;
- savoir se libérer d’une situation, d’une personne, d’une idée, d’une position, d’un souvenir… auxquels nous nous accrochons ;
- ne plus tenir, ne plus retenir ;
- comprendre que tout est impermanent, en perpétuel changement ;
- accepter le processus naturel et inévitable de ce changement ; accepter tout ce qui se présente, sans rejeter le négatif, sans trop s’attacher au positif, et sans essayer d’adapter les choses à nos propres désirs ;
- considérer toute difficulté comme une étape qui nous aide à grandir : une poussée de croissance ;
- rester serein, détendu et d’humeur égale, quelles que soient les circonstances ;
- comprendre que les choses n’ont que l’importance que l’on veut bien leur donner ;
- vivre dans le présent, sans regretter le passé ni anticiper le futur ;
- faire de son mieux sans vouloir tout contrôler en comprenant que le résultat final n’est pas toujours entre nos mains ;
- ne pas nous montrer indifférents, mais admettre que nous ne pouvons agir à la place d’autrui et laisser les autres gérer leur propre destin, sans les materner ;
- nous mettre à la place de l’autre en essayant de comprendre ses motivations, ce qui ne veut pas dire excuser ses actes, et accepter qu’il ait un point de vue différent du nôtre ;
- ne pas juger, mais accorder à autrui le droit d’être humain et vulnérable.
Cette liste, non exhaustive, nous montre bien combien cette démarche nécessite de notre part un engagement permanent d’auto-connaissance, d’observation de nous-mêmes, de travail sur la compréhension de nos comportements, et le développement d’une grande tolérance vis-à-vis de nous-mêmes et des autres. Lâcher prise est donc un processus très actif, contrairement à ce que le mot pourrait laisser croire, et en aucun cas un acte de renoncement ou d’abandon.
Extrait de mon livre Apprivoiser de stress, paru aux Editions de Mortagne.